Il semble bien que de nombreuses entreprises manquent de connaissances sur les diverses normes de gestion des risques et les cadres conceptuels applicables à l’ensemble des branches. Développés spécialement par de grandes organisations comme l’ISO, ceux-ci devraient pourtant servir de guide pour assurer une gestion des risques adéquate. Il existe divers concepts théoriques applicables au secteur industriel. Les normes les plus connues sont l’ISO Guide 73 Management du risque, le «cube COSO», L’ONR 49000 de l’Institut autrichien de normalisation ou l’ISO 31000 Management du risque – Principes et lignes directrices. Ce sont surtout les deux derniers nommés qui, en théorie, sont recommandables pour l’industrie parce qu’ils font pénétrer la gestion des risques dans le système de management des entreprises6.
Il existe aussi de nombreuses approches théoriques et aides à la mise en œuvre du processus – essentiel – de gestion des risques dans l’industrie. Les phases de ce processus diffèrent dans le degré de détail, en fonction de la branche et de ses besoins. Il s’agit toutefois, en règle générale, d’identifier les risques, puis de les évaluer, de les piloter et de les contrôler7. Pour la première étape, il est recommandé de mettre en place un système adapté de détection précoce et d’avoir une vision systémique des diverses sources de risques potentiels. Un système de détection précoce est censé permettre à l’entreprise de prendre les mesures qui s’imposent avant que ne surgisse un risque. Durant cette phase, l’objectif doit être d’identifier à temps les «développements mettant en danger la pérennité de la société». Autrement dit, il faut aspirer à un recensement aussi complet que possible des sources de risques, causes de dommages et potentiels de perturbations8. Cette première phase constitue, selon de nombreux auteurs, l’étape la plus importante du processus de gestion des risques. Il convient donc de la parcourir d’un bout à l’autre et de la mener en recourant à différentes méthodes d’identification telles qu’interviews, questionnaires, analyses de possibilités d’erreur et de leur influence ou encore séances de «remue-méninges». Au terme de cette opération, il faudrait présenter des catégories de risques appropriées sous forme d’inventaire, celui-ci comprenant par exemple les catégories «risques financiers» et «risques opérationnels». Ces derniers pourraient être détaillés en «risques opérationnels proprement dits» (risques organisationnels, risques de personnel, risques de processus, etc.) et «risques stratégiques»9, l’idéal étant que chaque entreprise recherche une solution personnalisée. L’étape suivante – évaluation – devrait inclure à tout le moins une évaluation des risques en fonction de leur probabilité de survenance et de leur portée. Cela peut se faire à l’aide de méthodes qualitatives ou quantitatives. Les premières pourraient consister en des interviews ou des ateliers. La théorie affirme qu’il convient de préférer les méthodes quantitatives, sous forme d’analyses de sensitivité ou de scénario, à condition que la qualité des données soit suffisante. Une fois évalués, les risques sont classés dans un portefeuille ou une matrice de risques. Enfin, les risques intolérables doivent être pilotés et contrôlés en permanence, grâce à des mesures adéquates. Précisons encore que toutes ces considérations ne constituent qu’une vague esquisse de l’abondante littérature consacrée à la gestion des risques dans l’industrie10.